Martin Suard, récemment élu coordinateur national de la SCA France, nous partage sa vision et son parcours dans l’univers du café de spécialité. De ses débuts chez Lomi à son rôle actuel à L’Arbre à Café, il revient sur son engagement dans l’association, présente la nouvelle équipe du bureau, et détaille les projets à venir pour dynamiser la communauté française du café.
Avant d’abord ton rôle de coordinateur national pour la SCA France, quel est ton parcours dans le café de spécialité ?
J’ai commencé il y a environ douze ou treize ans chez Lomi, au tout début de leur aventure. J’ai intégré l’entreprise sur un poste hybride en marketing et communication, en lien avec mes études de publicité. Et puis, lorsque l’assistant torréfacteur a quitté son poste, j’ai saisi l’opportunité d’apprendre davantage sur le produit. Au fil du temps, j’ai passé de plus en plus de temps auprès du torréfacteur, jusqu’à devenir assistant torréfacteur à temps complet.
Après Lomi, j’ai repris un coffee shop à Asnières pendant une dizaine de mois, avec l’idée de le racheter. Mais j’ai rapidement réalisé que ce métier n’était pas fait pour moi. C’est ainsi que je suis arrivé à L’Arbre à Café il y a sept ans maintenant, où je travaille toujours à la torréfaction.
Comment as-tu commencé à t’investir dans la SCA, jusqu’à en devenir le coordinateur national ?
D’abord, je voudrais rappeler que la SCA en France a le statut légal d’association, elle est gérée par des bénévoles qui s’impliquent sur leur temps libre. Personnellement, je me suis investi dans le milieu du café, en étant juge sur les compétitions. Ce qui m’a permis de rencontrer l’ancien bureau, dont Michael McCauley qui m’a beaucoup inspiré. Il s’est engagé pendant 18 ans au sein du bureau, dédiant une part importante de son temps personnel à l’association.
Lors des derniers championnats à Lyon, Michael a annoncé son départ et celui de plusieurs membres du bureau. Avec d’autres passionnés, nous avons réfléchi à la possibilité de donner un nouvel élan à la SCA avec une communauté de personnes prêtes à s’investir davantage.
Quelle est la composition actuelle du bureau de la SCA France ?
Le bureau de la SCA France, récemment élu, comprend :
- Un coordinateur national, moi-même
- Une coordinatrice Membres, Camille Tourny de Café Richard
- Un coordinateur éducation, Antoine Péron, formateur indépendant
- Un coordinateur événementiel, Mathias Rodrigues, Wheely Café
- Un coordinateur marketing et communication, Alexis Gagnaire, Tanat
- Une coordinatrice des juges, Daniela Capuano
Quel est ton rôle en tant que coordinateur national ?
Mon rôle comporte plusieurs facettes. Comme son nom l’indique, je dois coordonner le travail des différents membres du bureau. Il s’agit de faire en sorte que tout le monde travaille efficacement, en synergie, sans créer de doublons, et de planifier les réunions de travail.
Je suis également responsable de la communication avec le représentant Europe de la SCA et avec les autres coordinateurs nationaux. Nous organisons régulièrement des réunions pour partager nos expériences et nos connaissances.
Enfin, en tant que président de l’association, j’assume la responsabilité légale et financière, je veille au bon fonctionnement de l’organisation et à la clarté des rapports annuels.
Au-delà des compétitions, quel est le rôle de la SCA au niveau national ?
Notre mission première est de former et d’animer la communauté du café de spécialité. Nous mettons en avant les formations certifiées SCA, qui sont selon moi les formations théoriques les plus complètes disponibles dans le secteur du café. Le contenu est extrêmement riche, technique et intéressant pour ceux qui prennent le temps de l’assimiler.
Nous sommes aussi là pour informer et animer la communauté en France, organiser des événements communautaires et des formations, proposer des masterclass sur le café de spécialité, parfois avec des intervenants extérieurs au milieu pour élargir notre champ de réflexion.
J’aimerais vraiment qu’on se rapproche des organismes de formation en hôtellerie et gastronomie pour intégrer des modules sur le café dans leurs programmes. Le café reste encore le parent pauvre de la gastronomie dans les formations, alors qu’on dispose de programmes certifiés internationalement qui pourraient être valorisés.
Une de mes priorités pour cette première année est de nous rapprocher de la communauté et d’expliquer clairement le fonctionnement de la SCA. Il y a encore beaucoup de zones d’ombre sur le fonctionnement d’un chapitre national, notre mode d’action et notre financement.
Quelle est la relation entre la SCA France et la SCA Monde ?
Les relations sont assurées principalement par le coordinateur national lors des rassemblements des coordinateurs nationaux, souvent en visioconférence. On échange aussi beaucoup par email, via notre référent Europe. Lors des événements World of Coffee, nous sommes invités à nous rencontrer pour partager nos expériences.
La SCA Monde ne nous impose pas de ligne de travail spécifique, mais plutôt un code de conduite à respecter. Les chapitres nationaux sont avant tout créés pour fédérer une communauté autour des championnats et de l’éducation, valoriser les licences de formation, et organiser les compétitions pour envoyer des candidats aux championnats du monde.
Les championnats SCA ont été historiquement liés aux festivals en France. Avec la Brewer’s Cup organisée en dehors des festivals, je me demandais si vous souhaitiez faire évoluer ce format ?
Il y a effectivement une volonté de s’affranchir des grands rendez-vous annuels et de créer des événements plus réguliers tout au long de l’année. La SCA organise sept championnats annuels, avec des délais souvent serrés pour permettre aux champions de se préparer aux épreuves mondiales.
Les grands salons étaient pratiques car ils permettaient de regrouper plusieurs épreuves sur un même weekend, mais ça implique de mobiliser énormément de bénévoles et ça pose des problèmes logistiques pour les participants qui voudraient concourir dans plusieurs catégories.
On réfléchit à une nouvelle formule pour les championnats en France. Le récent championnat de Brewers Cup nous a convaincus qu’il est possible d’organiser des événements dans des lieux plus intimistes, à taille humaine, tout en maintenant le sérieux d’une compétition officielle. Ça permet de réunir la communauté différemment, dans un cadre plus informel, et d’attirer un nouveau public sans les contraintes d’accès des grands salons.
Le format de l’Aeropress me semble particulièrement intéressant : ludique et informel, mais sérieux puisqu’il s’agit tout de même de sélectionner un champion national pour les championnats du monde.
Certaines compétitions, comme le championnat de torréfaction, nécessitent une logistique importante et resteront liées au Paris Coffee Show, ce qui a du sens puisqu’il s’agit d’un salon qui célèbre avant tout les torréfacteurs. Pour d’autres formats moins exigeants en logistique, on envisage des qualifications régionales suivies de finales nationales, à l’image de ce que fait la SCA Suisse.
Pourquoi est-il important de s’engager dans la SCA ?
Être membre de la SCA, c’est vouloir s’investir dans l’association à différents niveaux, selon ses possibilités. Comme toute association, on a besoin de personnes impliquées partout en France pour faire vivre le milieu du café de spécialité.
On voit de nombreux événements locaux qui émergent, ce qui montre que la communauté est dynamique et vivante. Notre rôle est de fédérer ces initiatives pour gagner en impact et en visibilité, élever le niveau des compétitions, former davantage de professionnels selon les standards SCA, et attirer un public toujours plus large lors de nos événements.
L’objectif, c’est que nos champions nationaux puissent aller toujours plus loin dans les compétitions mondiales et que le niveau général du café de spécialité en France continue de progresser !